Nénette

Nénette - Nicolas Philibert
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2010 / 70' / DCP 2K & 35 mm couleur / 1.85 / DTS SR

Née en 1969 dans les forêts de Bornéo, Nénette vient d’avoir 40 ans. Il est très rare qu’un orang-outan atteigne cet âge-là ! Pensionnaire à la ménagerie du Jardin des Plantes – à Paris – depuis 1972, elle y a aujourd’hui plus d’ancienneté que n’importe quel membre du personnel. Vedette incontestée des lieux, elle voit, chaque jour, des centaines de visiteurs défiler devant sa cage.

Naturellement, chacun y va de son petit commentaire…

2010 / 70' / DCP 2K & 35 mm couleur / 1.85 / DTS SR

Image Katell Djian, Nicolas Philibert • Son Jean Umansky, Laurent Gabiot • Montage Nicolas Philibert, assisté de Léa Masson • Mixage Julien Cloquet • Etalonnage Eric Salleron • Directrice de production Katya Laraison • Coordination post-production Sophie Vermersch • Musique originale Philippe Hersant, interprétée au basson par Pascal Gallois • La chanson traditionnelle « Dobri dien romale » est interprétée par Eric Slabiak et Franck Anastasio • L’extrait de « L’Histoire naturelle » de Buffon est dit par Valéry Gaillard • Une coproduction Les Films d’Ici/Serge Lalou, assisté de Laura Briand – Forum des images/Alain Esmery, assisté de Corinne Beal • Avec la participation de la ménagerie du Jardin des Plantes/Muséum national d’Histoire naturelle, et de CinéCinéma, Long Ride Inc. (Japon), Centre National de la Cinématographie • Etalonnage Forum des images / Avidia • Mixage Archipel Productions • Report optique Ciné Stéréo • Sous-titrage CMC Paris • Laboratoires Eclair • © Les Films d’Ici, Forum des images, 2010.

Avec les voix d’Abel et Lucie Morin, Agnès Laurent, Georges Peltier, Gaya Jiji, Eric Slabiak, Muriel Combeau, Diego Feduzi, Ludovico Lanni, Christelle Hano, Charlotte Uzu, Agathe Berman, Judit Kele, Zhang Xuequin, Linda De Zitter, Maria Charlès, Marianne et Mikhael Lalou, Marie-Claude Bomsel, Jean-François Sonnet, Gérard Dousseau, Catherine Hébert, Pierre Meunier, et celles de nombreux visiteurs anonymes.

Merci au personnel de la ménagerie du Jardin des Plantes : Sébastien Colomb, Gérard Dousseau, Christelle Hano, Annabelle Jamard, Jacques Rigoulet, Michel Saint Jalme et à Marie-Claude Bomsel • merci également à Philippe Andron, Grégory Antoine, Thaddée Bertrand, Stéphanie Boring, Rachida Brakni, Cécile Brissaud, Ian Burley, Eric Cantona, Philippe Chesneau, Patricia Conord, Vianney Delourme, Bruno Deloye, Boris Duchesnay, Norio Hatano, Laurence Herszberg, Marine Jouven, Nino Kirtadzé, Roland Nguyen, Cécile Philibert, Hugo Plumel, Cyril Roguet, Sophie Vermersch, Christine Viau, Wang Ying, la mission cinéma de la ville de Paris.

Sélection officielle Berlinale 2010 (Forum) • Prix du « Meilleur réalisateur, section documentaire », RiverRun International Film Festival (USA) 2011 • Grand Prix « Cinéma Vérité » Iran International Documentary Film Festival, Téhéran 2011.

Distribution & ventes internationales : Les Films du Losange

Sortie salles France : 31 mars 2010

 

Le projet est né un peu par hasard. Ce jour-là, j’étais parti me promener à la ménagerie du Jardin des Plantes. Ça faisait des années que je n’y avais pas mis les pieds. En entrant dans la « singerie », je suis tombé en arrêt devant la cage des orangs-outans. Quelques visiteurs commentaient bruyamment leurs moindres faits et gestes. Du haut de sa mezzanine, Nénette semblait ailleurs, mais en l’observant plus attentivement, je me suis rendu compte qu’en réalité, elle ne perdait pas une miette du spectacle que nous lui offrions, à notre insu… L’idée du film est née à ce moment-là. Pour moi, c’était un court-métrage de quinze, vingt minutes maximum, mais dès que j’ai commencé à tourner, j’ai senti que ce dispositif en face-à-face allait me permettre de dépasser la durée initialement prévue. Ça s’est confirmé au montage. À partir de là, le film s’est développé tout seul, sans que j’aie à forcer les choses.

Je voulais filmer Nénette de manière frontale, à travers la vitre de sa cage, comme la voient les visiteurs. Capter ces moments troublants, comme suspendus, hors du temps, où elle nous regarde, elle aussi. Bien sûr, j’ai filmé un peu les trois autres, Tübo, Théodora et Tamü : ils partagent le même espace qu’elle ; mais dans le film, je ne leur ai pas fait la même place. Priorité à Nénette. Et pourtant, à première vue, c’est la plus discrète, celle qu’on remarque le moins. Elle est souvent en retrait, à demi enfouie sous la paille, dans son nid, où elle peut faire de très longues siestes. Elle s’économise, sans doute… vu son âge ! C’est aussi la seule à ne pas être née en captivité mais dans son milieu naturel, à Bornéo. Je ne sais pas si c’est lié mais elle est plus distante, elle s’approche rarement, contrairement aux trois autres qui n’hésitent pas à venir se coller à la vitre. C’est peut-être ce qui m’a plu. Cette présence lointaine, teintée d’indifférence, qui lui confère une sorte d’aura, de souveraineté ! Une façon de séduire sans chercher à séduire; de regarder le visiteur sans jamais quémander quoi que ce soit, et de lui renvoyer sa prétendue supériorité, son voyeurisme à la figure.

600.000 personnes défilent chaque année devant sa cage, la prennent en photo, la filment, commentent le spectacle. On rit, on s’exclame, on compatit, on s’apitoie, on admire son adresse, sa souplesse, l’éclat de son poil ; on philosophe, on s’y compare, on explique aux enfants ; en lisant les panneaux, on découvre l’ampleur des menaces qui pèsent sur l’espèce, la déforestation massive, le braconnage. Il y a les visiteurs qui viennent toutes les semaines, comme on vient rendre visite à une vieille cousine ; ceux qui sont là pour la première fois, et qui restent scotchés ; ceux qui ricanent, poussent des grognements, gesticulent, l’imitent, la singent, ou s’interrogent à n’en plus finir sur cette poche qu’ils ont sous le menton. Sept jours sur sept, hiver comme été. Depuis 37 ans.

Le film repose d’un bout à l’autre sur une disjonction entre l’image et le son, de sorte qu’on voit les animaux sans jamais les entendre, et qu’on entend les humains sans jamais les voir. Il n’y a pas de contre champ. Pas d’échappée. La bande son entrelace plusieurs types de paroles : les commentaires spontanés des visiteurs qui passent – des familles, des couples, des touristes étrangers, une bande d’ados, des promeneurs solitaires, les étudiants d’une école d’art et leur prof de dessin, etc… – Mais j’ai aussi fait parler les soigneurs, en particulier les anciens : ils ont vu grandir Nénette et connaissent son histoire. Enfin, j’ai proposé à quelques amis d’horizons divers de venir, et j’ai enregistré leurs réactions. Parmi eux, Erik Slabiac et Franck Anastasio, du groupe Les Yeux noirs, sont venus chanter un air de musique tzigane. Valéry Gaillard, qui a longtemps été mon assistant avant de faire ses propres films, est venu lire un texte de Buffon. Linda De Zitter, psychanalyste, a choisi le flamand, sa langue maternelle, pour égrener quelques remarques ; et c’est au comédien Pierre Meunier que l’on doit le long monologue de la fin, entièrement improvisé…

Derrière sa vitre, Nénette est un miroir. Une surface de projection. Nous lui prêtons toutes sortes de sentiments, d’intentions, voire de pensées. En parlant d’elle, nous parlons de nous. En la regardant, nous nous incluons dans le tableau. Comme Flaubert qui s’était écrié « Madame Bovary, c’est moi ! » je pourrais dire : « Nénette, c’est moi ». C’est vous. C’est nous. Pourtant, nous ne saurons jamais ce qu’elle pense, ni si elle pense. Le mystère demeure. Au fond, Nénette est une confidente idéale : elle garde tous les secrets.

C’est un film sur le regard, la représentation. Une métaphore du cinéma, en particulier du documentaire comme captation et comme capture ; puisque filmer l’autre, c’est toujours l’emprisonner, l’enfermer dans un cadre, le figer, dans l’espace et dans le temps.

Nicolas Philibert

Nénette - Nicolas Philibert
Nénette - Nicolas Philibert
Nénette - Nicolas Philibert
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