Deux ou trois choses que je sais d’elle
Nénette est sans aucun doute la plus connue des pensionnaires de la Ménagerie du Jardin des Plantes. Née dans les forêts de Bornéo, elle y est arrivée le 16 juin 1972, à l’âge estimé de 3 ou 4 ans. Elle a donc aujourd’hui* largement dépassé l’âge de 55 ans, ce qui est exceptionnel si l’on sait qu’en milieu naturel un orang-outan dépasse rarement l’âge de 35 ans. Elle a eu trois compagnons et donné naissance à quatre petits : les deux premiers sont partis à l’étranger dans le cadre d’un programme européen pour la conservation des espèces menacées (EEP). Le troisième, Tübo (né en 1994), très présent dans le film, est mort il y a quelques années. Quant à Dayou, son dernier, il a succombé à un arrêt cardiaque en 2007, à l’âge de 8 ans. Actuellement, les orangs-outans de Bornéo séjournant à la Ménagerie du Jardin des Plantes sont au nombre de quatre. Théodora et sa fille Tamü sont arrivées fin 2007, en provenance du zoo de Twycross (Grande-Bretagne).
Le nom « orang-outan » vient du malais « orang hutan » qui signifie « homme de la forêt ». Autrefois présent sur une grande partie du continent asiatique, il ne vit plus aujourd’hui, à l’état naturel, que dans les forêts de Bornéo et de Sumatra. Or en 20 ans, le braconnage et la destruction de 80% de son habitat naturel ont conduit l’orang-outan de Bornéo (Pongo Pygmaeus) au bord de l’extinction. Il n’en resterait que 30.000 dans la nature, son cousin de Sumatra (Pongo Abelli) étant plus gravement menacé encore, avec seulement 3.000 individus. Si aucune action à grande échelle n’est entreprise, il pourrait avoir disparu à l’état sauvage d’ici une quinzaine d’années. La déforestation galopante est en grande partie responsable de ce déclin. Le commerce du bois tropical et la monoculture du palmier à huile en sont les deux causes principales.
En plein cœur de Paris, à deux pas de la Seine et de la Gare d’Austerlitz, La Ménagerie du Jardin des Plantes est l’un des plus vieux zoos du monde. Ouverte en 1794 – six ans après la mort de Buffon, son père fondateur – elle abrite un millier de mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens, auxquels il faut ajouter 1200 arthropodes et invertébrés. Classée monument historique depuis 1993, elle remplit, en dépit de son grand âge, les trois missions que le Muséum national d’Histoire naturelle lui a confiées : la conservation des espèces animales, la diffusion des connaissances, et la recherche dans des domaines aussi variés que la biologie, la médecine vétérinaire, la taxinomie, la génétique des populations et l’étude du comportement animal. Plus de 600.000 visiteurs s’y rendent chaque année.
* Note remise à jour le 6 novembre 2025.