Aden – 2 septembre 1999

Ils sont habitués à avoir un texte, une ligne directrice, un maître. Encore fragiles, les jeunes élèves du Théâtre national de Strasbourg ont donc été un peu déboussolés quand Nicolas Philibert est arrivé parmi eux, car comme il l’avait fait pour Le Pays des sourds, ou avec les malades de La Moindre des choses, le cinéaste avait les mains vides. Il leur a demandé d’ouvrir les yeux sur leur ville. Et de revenir avec une idée, un son, une image, un souvenir… Bref, un prétexte à jouer ensemble. Balancés dans la réalité, avec ce qu’elle peut avoir de violent, de “cliché ”, les jeunes apprentis comédiens auraient pu perdre pied. Ils sont étonnamment justes. Le réalisateur a su les déstabiliser sans sadisme, leur conférer une fière fragilité. Se construit ainsi sous nos yeux une approche de la réalité qui rappelle les recherches de nombreux plasticiens contemporains. Involontairement, Philibert a fait basculer un monde, et a transformé ce groupe d’élèves en une nébuleuse frémissante, pleine de promesses et d’espoir en l’avenir. Celui du théâtre, et celui de chacun.

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